Mi-figue, mi-raisin, je dis à
la blague depuis des années que je suis un yéti quand les échanges sur la
température autour de la machine à café deviennent plus personnels. Des efforts
intenses d’impassibilité me sont nécessaires pour continuer à sourire quand le fatal: « Pars-tu dans le sud? » arrive immanquablement.
C’est que j’ai un système de
chauffage interne qui diffère largement de celui de la moyenne; j’ai toujours chaud. En fait, pour être précise, je devrais plutôt dire que j’ai rarement froid. Très rarement froid. Je suis née avec deux
batteries qui fonctionnent plein régime à longueur d'année.
L’été me trouve amorphe en
milieu d’après-midi. Les canicules me tuent. Je souffre à seulement voir quelqu’un
se faire dorer comme un poulet. Quand un goût d’évasion me prend, c’est aux
Highlands ou à la Scandinavie que je pense, jamais à une plage des tropiques. Les
journées de brouillard et de frimas me sont mille fois plus romantiques que les
sables brûlants.
Je suis donc ravie de la neige
qui couvre ce soir les gazons. C’est joli et insonorisant. Ça enveloppe comme
un cadeau. Les enfants d’en face ont fait plein d’anges sur le parterre. Mon
voisin, heureux, a fait vrombir sa souffleuse, juste comme ça, pour rien. Les branches brillent près du lampadaire, là où s’est déposé le verglas. Tout
à la fois, c’est léger et figé et moelleux. Comme une guimauve.
Je m’installe devant la
fenêtre et je regarde. Il n’y a que le ronron du frigo. La fraîche sur mes
pieds nus. La chaleur de la tasse entre mes doigts. Un peu de givre sur le
coin de la vitre. Je suis ici, maintenant. Namaste, Hiver.
Ce texte paraît dans le cadre du Défi 31 Jours.
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